Dure réalité

Avertissement : 
Article interdit aux femmes actuellement enceintes, et éventuellement à leur mec si ils sont sensibles.
Je l'écris parce que ca tourne dans ma tète depuis ce matin, je n'arrive pas à me défaire d'un sentiment de tristesse intense, je sais pas si ca me fera du bien, mais ca ne peut pas me faire de mal... et désolée à l'avance si je tombe dans le pathétique, ou si je choque du monde.

Hier, soirée bien sympa entre amis, comme souvent dans ces cas là, il arrive que deux conversations se déroulent en parallèle, c'est amusant de constater qu'on est concentré sur une des deux discussions, mais que certains mots clés, ou certaines attitudes vont attirer immédiatement l'attention sur l'autre... et au final, on se rend compte que le cerveau a parfaitement assimilé ce qui se disait à coté, mais juste qu'il a filtré.
Je sais pas si vous voyez ce que je veux dire... c'est la différence entre écouter et entendre quoi en gros, ou voir et regarder...

Bref... je ne sais absolument plus de quoi je discutais avec ces messieurs
mais j'ai distinctement compris que deux des nanas présentes parlaient d'une troisième, que je savais enceinte... et le "alors, ca y est, tu as enfin réussi à parler un peu avec X, comment elle va ?", "ben c'est pas encore ca tu sais, elle m'a dit que..." puis la tête qui se tourne brusquement dans ma direction avec un gros blanc... ne signifiait rien de bon pour ce qui concerne X et son bébé. C'était rapide, ca n'a pas été dit fort, mais ca a raisonné dans ma tête comme si elles avaient hurlé.
Petit moment de gène, (visiblement les mots étaient clés pour toutes les personnes présentes puisque toute conversation s'est arrêtée) comblé par les pieds dans le plat d'un des mecs : "je pense pas que Sev était au courant"...  et le "oui mais je peux pas lui en parler elle est enceinte" de sa femme, ce qui m'a permis de dire que non en effet je n'étais pas au courant, mais que tant qu'à faire autant qu'elles m'en disent plus car là je ne pouvais qu'imaginer le pire...

En l'occurrence, je ne sais pas si c'est le pire, il y a toujours pire... mais on entre dans le hors catégorie, on passe du coté qu'on n'ose jamais imaginer, le coté auquel on se refuse de penser.
Le bébé est né avec une anomalie génétique grave, qui fait qu'il n'a pas tous les os qu'il devrait avoir au niveau du visage. Ce qui provoque pas mal de problèmes en tout genre tels que des soucis pour entendre et un visage complètement difforme, et je ne rentre pas plus dans les détails....

et cela n'a pas été vu à l'échographie
et la grossesse s'est merveilleusement bien passée
et madame est pas trop vieille, en pleine forme, sans aucun probleme de santé particulier, monsieur aussi d'ailleurs.

Et voilà, un jour qui devait compter parmi les plus beaux de leur vie, s'est transformé en premier jour du cauchemar que sera le reste de leur vie... et qui sera la vie entière de la prunelle de leurs yeux.
Ce petit va souffrir, si ce n'est physiquement, mais au moins psychologiquement : son cerveau va tres bien, lui, il sera vite en age de comprendre qu'il est différent, qu'il le sera toujours, qu'il n'aura pas une vie "normale".
Et les autres enfants, si horribles entre eux, lui feront la vie encore plus dure.
Et les adultes, si maladroits et si peureux devant la différence, ne seront pas plus tendres.

Ce petit couple a toujours déchainné les passions et les esprits, ils déclenchent une sorte de jalousie sous jacente, on aime les détester,  ils sont de ceux qui ne laissent pas indifférents, beaux, amoureux, exhuberants, particuliers,...
et patatras, du jour au lendemain, ils passent du coté obscur, ils ne sont plus aimables, ou detestables, ils sont admirables mais on n'a plus envie de les cotoyer car on n'est plus dans la meme catégorie, avec nos petites vies sans problemes majeurs.
On les plaint d'abord, et puis petit à petit on va les craindre parce que le malheur des uns ne fait pas toujours le bonheur des autres, parce que non, ca n'arrive pas qu'aux autres, parce qu'on ne veut surtout pas y penser.

carpe diem... on ne le repetera jamais assez !